Le 18 Mai 2017, So Art Gallery a ouvert ses portes à l'exposition « Jardins Secrets » qui a présenté pour la toute première fois des œuvres inédites et produites par l'artiste marocain de renommée internationale, Hakim Ghazali. Orchestré par Karin Adrian von Roques, qui compte parmi les meilleurs experts mondiaux en Art Arabe contemporain, cet évènement a eu pour but de mettre l’accent sur la production créative à multiples facettes de l'artiste, en se basant sur une sélection stricte de ses œuvres.
Dans sa peinture, Ghazali relève non seulement le défi des aspects purement formels, mais, en outre, il se soucie également de thèmes tant philosophiques que spirituels, en somme, les questions existentielles de l'homme aussi bien que celles se rapportant à Dieu. Lesquelles se reflètent dans son travail d’artiste. En réduisant ses moyens picturaux, il s'efforce d'exprimer le noyau principal et d'apporter ses visions et ses vues intérieures dans le rapport avec le monde extérieur qui lui est bien tangible. Dans ce processus, il se limite principalement à très peu de couleurs, mais les nuances du blanc sont infinies, en fonction du nombre de couches de tons blancs qui se superposent en entrelacs sur le tableau. Commencez par le blanc, finissez par le blanc, comme l'artiste lui-même a coutume de dire. Pour lui, le blanc signifie la lumière, qui est essentielle à la vie et qui, dans un sens littéral, est la lumière pure de Dieu. C’est à partir de là qu’apparaît ainsi un monde d’images de la plus haute spiritualité.
La calligraphie a joué un grand rôle dans le développement artistique de Ghazali, un art qu’il avait déjà pratiqué étant encore enfant. Nous pourrions presque dire que pour lui, c’était une sorte de rite de passage, en tout cas un point de départ pour une carrière exceptionnelle, pendant laquelle le message derrière son œuvre artistique est exprimé d'une façon toujours plus compacte. La calligraphie jouit d’énormément de prestige dans le monde arabe, puisque son apparition est étroitement liée avec la transcription écrite du Saint Coran. Hakim a été initié à l'art de la calligraphie par le maître Ali Haj Ahmed, mais en finit très tôt avec les règles strictes selon lesquelles la calligraphie classique est travaillée. Il a utilisé les possibles méthodes qu'il avait apprises pour sa propre libre expression. Ainsi donc la connaissance des interprétations diverses des lettres individuelles de l'alphabet arabe a joué un rôle important. Ceci explique pourquoi une lettre unique se retrouve souvent sur ses peintures comme la lettre Noun.
L'autre grande influence sur l'art de Ghazali a commencé par un jeu auquel il jouait pendant son enfance dans le jardin enclos de sa grand-mère. Le jeu consistait à écrire et dessiner sur les murs du jardin puis à observer avec attention ses graffitis s’estomper lentement jusqu’à disparaître complètement. Il a effectivement utilisé un pinceau et de la peinture, mais il l’avait si diluée d'eau que ses griffonnages étaient absorbés par le mur. Cette récurrence constante de peintures aussitôt créées aussitôt disparues l’amena à imaginer un univers caché qui se dissimulerait derrière ce qui nous est visible, et que pour y accéder il est besoin d’une clé spéciale.
Beaucoup de ses œuvres rappellent ses premiers essais d'écriture sur les murs pour observer ensuite la disparition des lettres. Sous toutes ces couches de peinture se devinent des lettres, des mots ou même des phrases entières, qui sont parfois encore lisibles, quoique toujours presque complètement obscurcis. Dans ces mêmes tableaux on retrouvera souvent le même motif carré qui fait penser à un jardin, comme celui dans lequel Ghazali a passé une grande partie de son enfance. Aujourd'hui encore, il travaille dans un jardin enclos situé dans un coin de campagne retirée. Le motif carré qui revient dans ses tableaux représente le symbole du jardin, aussi bien le terrestre que le céleste, mais aussi le jardin secret intérieur qui se niche dans le cœur de l’homme.
En parallèle avec l'exposition sera publié un catalogue dont l’introduction a été rédigée par SAR la Princesse Sybille de Prusse, qui elle-même est artiste et vit à Berlin. Elle s’est passionnée pour le travail de Hakim Ghazali et la dimension englobant le monde de sa mission artistique qui va au-delà des questions purement esthétiques. La Princesse Sibylle de Prusse préconise un dialogue culturel, tout comme Hakim Ghazali, et à l’unisson avec la galerie et le conservateur. L'art est un vecteur puissant pour transmettre des valeurs universelles et pour construire des ponts entre les cultures, aussi différentes soient-elles.
Propos rédigés par Mme KARIN VON ROQUES
Commissaire de l’exposition